Un anniversaire à ne pas oublier : 1621 ou 1622, Robert Giffard à Québec

Une signature généreuse gonflée par le vent du large

Alors que Mortagne-au-Perche s’apprête à célébrer Pierre Boucher à l’occasion du 400e anniversaire de sa naissance, que des manifestations se préparent afin de fêter l’enfant du pays percheron, né en 1622, arrivé en Nouvelle-France en 1635 à l’initiative de ses parents, un autre anniversaire est en passe d’être oublié : celui de l’arrivée à Québec de Robert Giffard, l’apothicaire de Tourouvre, événement d’autant plus discret qu’il s’accompagne d’un flou temporel. 1621 ou 1622 ? Aucun texte ne permet de répondre à la question. 
Et pourtant ce « pied à terre » historique, à quelques enjambées de l’ « abitation » édifiée par Samuel de Champlain demeurera, malgré l’imprécision de date, l’acte « un » de la colonisation du « pays de Canada ».
Que vient faire là Robert Giffard, natif de la petite paroisse d’Autheuil ? Répond-t-il à l’appel de l’aventure ? Rejoint-il Louis Hébert, cet autre apothicaire natif de Paris, premier colon de la Nouvelle-France? Les deux hommes, de la même génération, ont pu effectivement nouer des liens antérieurs, au cours de leurs études par exemple, selon que le suggère Françoise Montagne, l’historienne de l’émigration percheronne en Nouvelle-France. Restons en là mais retenons la révélation que représente pour Robert Giffard la découverte de ce Nouveau Monde.
Un document fera état de son séjour : la déclaration qu’il déposera en 1628, à son retour, devant l’Amirauté de France. Elle traduit son enthousiasme autant que les convictions acquises sur place :
« … A dict cognoistre le pays de la Nouvelle France pour y entre allé, y avoir séjourné sans intermission cinq ou six ans, et savoir que ledict pays en le seul fleuve Saint-Laurent peut rendre et rapporter quinze mille castors, restant bien mesnagé et entretenu en l’estat qu’il l’a vu…» (Archives nationales série ZIS liasse 1003, document cité par Françoise Montagne dans le bulletin de Perche-Canada n°6, 1973).
Pas de portrait, peu d’écrits, seulement des signatures et des mentions dans des actes perpétuent aujourd’hui la mémoire de Robert Giffard. N’oublions pas qu’il est le père de l’émigration des Percherons vers la Nouvelle-France. Parmi eux, en 1635, un certain Gaspard Boucher, sa famille notamment son fils aîné Pierre, alors âgé de 13 ans.

Notice sur Robert Giffard sur le site de Jean-François Loiseau :
Robert Giffard sur perche-quebec.com

14 mars 1634 devant maître Roussel, notaire à Mortagne-a-Perche, Robert Giffard s’accorde avec Jean Guyon, le maître-maçon et Zacharie Cloutier, le charpentier qui ne sait signer. Quelques jours plus tard ils gagneront Dieppe pour embarquer…

24 mars 1628, déclaration de Robert Giffard devant l’Amirauté de France.

Église d’Autheuil, près de Tourouvre, où le jeune Robert Giffard a peut-être entrevu l’appel vers le Nouveau-Monde